Sunday, September 30, 2001

La Guerre sera Longue (ou De l'Avenir du Futurisme)

Lettre ouverte à l’écrivain de science fiction Maurice Dantec, en réponse à son article du 12 septembre 2001 intitulé By all means necessary.

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La Guerre sera Longue (ou De l'Avenir du Futurisme)


Voyons,

Starship Troopers, un film sympa, où des gens unis dans la lumière du futur, sur une planète globalisée, vivent leur vie de citoyen. Une grande partie de la population active, les ambitieux, ceux qui s'ennuient ou veulent avancer socialement, peuvent s'engager dans l'armée et monter dans l'espace quelque part, sur des astéroïdes rugueux, pour tuer des arabes, pardon des insectes qui affluent de partout, d'on ne sait où. Il y en a toujours, ils se reproduisent facilement, ont la mort facile, se jettent sur l'ennemi, en masse, aveuglement, comme un robinet ouvert. Il sont têtus, et très laids. Ils sont différents de nous. Ce sont des Autres.

Nous, nous sommes le corps propre, nous parlons une seule langue, notre peau-frontière est dure, sans orifices, et nous la renforçons avec des boucliers anti-tout, dedans c'est pur, dedans c'est moi, le sujet parlant, maître de lui et impénétrable. Personne ne m'enculera! L'Autre qui m'entoure: gluant, sale, hirsute, chaos, virus... Ces myriades de démons qui m'assaillent et essaient de rentrer sous ma peau, me donnent du mal... Quand tout cela finira-t-il? Mais d'où Diable viennent-ils? Quand les moustiques de réel arrêteront-ils de sortir de leur bidonvilles pour nous pomper le sang, nous casser nos transes virtuelles? La guerre sera longue, monsieur Dantec.

Quelques pistes pour penser, s'il vous plaît. Parce que ça ne va pas de soi, penser. Deleuze est mort, et Dantec est vivant, et la page de Dantec - dont j'ai pu apprécier les nombreuses éclaircies dans son livre Le Théâtre des Opérations - est vide. Il ne dit rien. C'est de la mauvaise poésie néo-punk. Du cliché recadré. Du bouledogue hystérique. Il rue et constate pour l'occident blessé, disons récemment un peu castré, et joue avec un langage pauvre de franche propagande, niveau CNN des années 80.

Il y a sionisme et sionisme, comme il y a anti-sionisme et anti-sionisme. On a le droit de critiquer Israël. Qui pendant des années et des années, à couvert ses crimes par une propagande médiatique effroyable. Amalgamer judaïsme et sionisme est le premier des dogmes sionistes. C'est un dogme, pas une vérité. Il s'agit toujours de rabattre toute critique de la politique israélienne sur une critique du sionisme à sa base: qui critique trop la politique d'Israël est accusé d'être contre l'existence d'Israël. Et par suite contre les juifs en général. C'est à dire qu'il est antisémite (même si c'est un sémite), sûrement raciste, qu'il aime éventuellement Hitler, et qu'il est peut-être négationniste.

Ça fait un peu moins de 10 ans que les médias parlent et montrent des palestiniens avec un peu d'objectivité. Le palestinien n'est une victime, aux yeux de l'opinion occidentale civilisée, que depuis peu. La grande victime proclamée haut et fort, en mémoire des persécutions des juifs d'Europe pendant longtemps, et surtout pendant la deuxième guerre, c'est Israël. Les voix palestiniennes étaient très étouffées avant. Ce n'est que vers 92/94 que ça a un peu tourné. En Europe, dans les médias, et au niveau de l'ONU, disons.

On a aussi beaucoup écrit sur cet abus et cette exploitation économique de l'Holocauste par les médias et les lobby juifs aux États-Unis. Un américain (juif) a récemment publié (février 2001) une étude qui a fait un peu scandale (Norman Finkelstein, L'Industrie de l'Holocauste) pour tirer l'alarme à ce sujet.

Je sais qu'il y a des gens qui aiment la guerre, qui la trouvent belle. Parce qu'elle fait de l'action, des héros etc. Je sais qu'il y a des gens dont le but final, pour arriver à jouir, c'est la guerre. Le but plus ou moins secret, parfois inconscient. Ils se voient déjà en nouveaux Napoléon ou Mad Max post-apocaliptiques attifés d'armes de pointes avec de la musique branchée en fond.

Les films, les drogues psychédéliques et les jeux vidéos c'est joli, mais la foi, sur le terrain, est une technologie puissante. Si on aime la science-fiction: dans le livre Dune de Frank Herbert, les héros sont des gens qui vivent dans des rochers, sur une planète vide et sans eau, ça renforce. Mais je pense surtout à Matrix, quand le virtuel craque, et qu'apparaît soudain le réel désolé, qui ressemble pas mal à l’Afghanistan, ou au paysage de Ground Zero (c'est comme ça qu'on appelle maintenant le lieu du drame à NY). Quand le rêve de pixels se déchire et que Truman voit son show. Ce qui se passe dehors.

Manhattan, la plate-forme des playmobils épilés et végétariens qui pédalent dans des salles pour monter sur Mars. Manhattan la ville la plus filmée du Monde. Le mythe pixelisé vivant. La station spatiale prête à se décrocher de son socle, pour partir.

Moi je soupçonne monsieur Dantec d'être un vilain futuriste comme l'italien Marinetti. D'aimer la guerre, la néo-guerre, pour des raisons esthétiques. Je pense que les armes ultra-sophistiquées le font bander. Il se verrait bien en conseiller de Bush pour la Fin du Monde. Ou alors dans un cockpit d'avion de chasse, avec un bon rythme techno dans les oreilles pour faire monter le cannabis. La joie, la fascination pour la guerre. Donnez-moi un ennemi! Le remède de l'ennui pour le bougnoule occidental: la Croisade!

On peut trouver les palestiniens rétrogrades, pauvres, et sales, hélas, mais ce n'est pas génétique, ni métaphysique. C'est concret, physique et économique. Les palestiniens sont bien des victimes, il faudrait être du Likoud pour voir autrement. (Si le problème palestinien avait été réglé il y a quelques années, comme il a failli l'être, l'attentat de NY n'aurait pas eu le même impacte dans cette partie de Monde.)

Le gouvernement en place en Israël est un gouvernement de chiens guerriers d'extrême droite. Le gouvernement en place aux USA n'est pas loin. Pour un occidental civilisé - qui aime Freud et ne déteste pas Gandhi - Sharon et Bush sont des paranoïaques dangereux, des psychés maniaques et dégénérées qui ne sont vraiment heureuses que dans la guerre. Des barbares du premier degré, enrobés par la technique moderne.

Le paranoïaque, s'il ne trouve pas d'ennemi, s'en créera toujours un, un vrai, dans le réel. C'est la condition de la survie psychique et de la cohésion de son moi: c'est sur cette base qu'il se constitue, et ne dépérit pas.

L'Antéchrist du film, ce vilain monsieur Ben Laden, il ne vient pas de l'espace. Bien qu'il semble avoir le pouvoir magique de frapper le noble aigle d'Amérique sans se faire choper. Ce n'est pas un martien, c'est une pièce américaine, mise en place par la CIA pour lutter contre les Russes, puis abandonnée. Si je prends Ben Landen pour l'analyser jusqu'au bout, je trouve des traces d'un travail russe et américain.

Mieux, prenons un intégriste hardcore, qui se promène sur la frontière israélienne, les yeux globuleux, en crachant sa haine d'Israël... Attrapons-le est analysons-le pour voir ce qu'il y a dedans. Le Hezbollah Libanais, ce parti radical, et très vivant aujourd'hui, n'existe pas comme ça du fond de la nuit noir des films de vampires... C'est une création lente et originale: quand je le regarde dans les yeux, je vois le moule inversé d'Israël. Le moule exacte, simplement retourné. L'anticorps.

Car de 1982 à 2000, Israël a bien occupé le sud du Liban, malgré une résolution de l'ONU qui lui l'interdisait. Presque vingt ans de ce crime, c'est long. C'est le temps qu'il faut pour grandir une génération entière de gens amers contre l'occupant. Le Liban est un petit pays instable qui fait la moitié d’Israël, son armée est nullissime, ce n'est pas un nouveau pays guerrier construit la veille sur le sang, c'est un pays multi-religieux et multi-ethnique, avec 18 communautés religieuses dedans, qui a été détruit par 15 ans de guerre (1975-1990), guerre interne, déclenchée par les réfugiés palestiniens, c'est à dire par le conflit Israélo-palestinien. Beyrouth était le New York du coin, la capitale intellectuelle, moderne, libérale, touristique et économique, avant 1975.

Il n'y pas d’antisémitisme arabe. Les arabes et les juifs sont des sémites. L'antisémitisme est une invention européenne. Une rétention contre le judaïsme dans le christianisme, contre un Autre spirituel, génétique et économique qui minerait le corps propre de l'Europe comme une plante parasite. Comme une secte entropique qui empêcherait l'unité totale et pure de l'Europe Fasciste Nouvelle...

Cet antisémitisme européen s'est trouvé doublé et appuyé par les théories racistes aux allures scientifiques du 19ème siècle européen. Le racisme génétique et scientifique est une création très occidentale.

Les communautés juives du monde arabes n'ont commencé à se faire embêter qu'à partir de la création d'Israël. Israël qui a fait des appels très forts pour presser les juifs arabes de venir remplir le nouveau pays. Israël est un projet politique rigide et maladroit, qui n'a pas toujours fait l'unanimité des juifs du Monde, et qui ne fait pas non plus aujourd'hui, l'unanimité des juifs du Monde.

Et la façon dont ce pays s'est mis en place, par l'épée, est assez triste. N'importe quel mathématicien objectif, sérieux, taoïste, bouddhiste, voire chrétien, sait qu'une lame lancée, entraîne son retour éventuel. A la vague coloniale, succède la vague anti-coloniale, ou post-coloniale.

On peut bien sûr parler d'un nouvel antisémitisme arabe, qui attire forcement les antisémites européens nostalgiques du nazisme. Mais à la racine du phénomène arabe, on trouve la haine des soldats israéliens, assimilés, une année après l'autre, par un processus lent (la propagande israélienne y est pour beaucoup) aux juifs en général, puis aux américains en général. Dans certains milieux populaires arabe où l’Amérique était encore idolâtrée il y a 10 ou 20 ans, on voit aujourd'hui une véritable rage baveuse, la haine montée et durcie, entretenue pour tenir une guerre contre une entité hostile qui humilie et essaie d'effacer des gens.

Le terrorisme moderne n'est pas un jeu. Ce n'est pas gratuit ou absurde. C'est mal, c'est sauvage, c'est barbare, mais c'est gorgé de sens! Organisé, précis... Ce ne sont pas des anarchistes suicidaires que je sache. Des nihilistes blasés. Des poètes de l'absurde. Ce n'est pas non plus Gide, ni Beckett, Sartre ou Camus, ou Houellebecq, ce génie français.

Ce n'est pas par dégoût de la vie que des gens font les kamikaze. Ce n'est pas pour foutre le chaos dans l'univers et faire des dégâts aveugles... C'est un truc de plus en plus pensé, c'est un plan de guerre, animé par une volonté (folle) de justice. On endoctrine les enfants. On fanatise des groupes. Il faut être particulièrement brimé et pendant plusieurs générations pour en arriver là. Quand quelqu'un a le choix, il ne choisit ni le suicide, ni le terrorisme. Il préfère manger des mangues et danser dans l'herbe avec des femmes à poil.

Je suis défenseur fou d'un certain occident. Je suis catholique d'éducation jésuite, mais comme dit l'anglais David Bowie: "I'm afraid of Americans". Pas parce qu'il sont fort, mais parce qu'il sont dangereux. Tout le monde sait que l'Amérique applique fièrement la peine de mort. Héberge des racistes, des sectes et des néo-nazis. A détruit les indiens pour prendre leur place, sans parler du traitement des noirs. Et les pédés respectés et épanouis, bravo, mais ça ne va pas de soi, c'est un pas civilisateur très nouveau en occident, de même le vote des femmes. L'Amérique s'invente vite des ennemis fantômes. Dépense des tonnes de dollars pour sa guerre contre la Drogue par exemple (cf: la prohibition de l'alcool en plein 20eme siècle). L'Amérique, ce mirroir à visage humain de la Russie totalitaire, ce continent populaire géant difficile à controler: qui porte un tiers-monde de ghettos (souvent noirs ou mexicains) à l'intérieur. C'est bon de savoir qu'à 15 minutes de métro de Manhattan la pétillante, il y a des quartiers ultra-pauvres qui choqueraient profondemment n'importe quel européen, une maison sur 5 détruite, avec des plantes qui poussent à travers l'asphalte.

Dantec, banlieusard français de culture cyber-punk exilé en Amérique, parle d'un Pearl Harbor et demande Hiroshima, au nom de Nietzsche, moi je ne suis pas d'accord avec ce genre de baclage.

Maintenant que faire du fanatique (même si je sais que c'est moi qui l'ai fait) quand il me fonce dessus, déjà coagulé, taliban-nazi, et convaincu? Je suis obligé de lui faire sauter la gueule (si j'y arrive à temps). Mais si ça devient la pluie de fanatiques, je suis obligé de me demander d'où vient le nid. Et de faire péter le nid, bon, mais si ça continue et que les nids se forment encore jusque dans mon cul, je suis obligé de me demander quelles sont les conditions qui favorise leur émergence. "Why do they hate america?". Ce n'est pas par simple jalousie ou ressentiment.

Vu le niveau de cette haine coagulée, le Monde Occidental devrait peut être commencer par se cotiser massivement, pour parachuter sur chaque foyer palestinien quelques PlayStations, des putes, des godemichés fluo, des pizzas, et des bidons de skunk de Hollande avec de l'opium dedans. Peut-être qu'ils arrêteraient de prier comme ça (les chômeurs ont du temps libre) et de jeter des pierres sur les tanks! Ou alors quelques samplers anti-choc, et des micros pour qu'ils subliment un peu tout ça dans un rap.


Le 29 septembre 2001, New York,
Abdallah Ko, écrivain oxydental

Friday, September 14, 2001

"By all means necessary", un article de Maurice Dantec

La réaction de Maurice Dantec à la série d'attaques meurtrières que les Etats-Unis ont subis sur leur territoire le matin du 11 septembre 2001. Les tours jumelles du World Trade Center se sont effondrées après avoir été percutées, à 18 minutes d'intervalle, par deux avions de ligne américains détournés durant leur vol avant que le Pentagone soit à son tour la cible d'un avion suicide. Le drapeau US dressé à la fenêtre de son appartement de Montréal, le salon recouvert de journaux, c'est dans un silence assourdissant que le soir du 11 septembre, Dantec démarrait son Macintosh.


By all means necessary (ou de la IVème guerre mondiale comme tragédie et comme nécessité)

Il faut pardonner à ses ennemis, certes, mais pas avant qu'ils ne soient pendus.
- Heinrich Heine.


Il paraît que le peuple palestinien était en liesses hier, à l'annonce des assassinats de masse perpétrés dans la matinée aux États-Unis.

On le comprend.

Comme l'ensemble de ses frères arabes, le palestinien est, quoiqu'on en dise, une victime. En tout cas les intellectuels en vue dans les médias et les bureaucrates de l'ONU l'affirment. Et une victime patentée comme telle par José Bové et le mensuel anarcho-publirédactionnel Alternatives ne peut que se réjouir de tout son coeur de la mort de plusieurs milliers de civils. Je parle bien sûr de civils appartenant à la race maudite des méchants yankees impérialistes. On peut alors chanter et danser tout le jour. Il n'y a que lorsque des juifs sont exterminés qu'on crie encore plus fort sa satisfaction. À ce titre, en frappant New-York City on s'assurait des festivités sans fin.

La pathétique mascarade de Durban des jours précédents avait au moins un mérite. Celui de nous exposer les masques ainsi agités en pleine lumière. ONG, coalitions anti-mondialistes, castro-tiers-mondistes sur le retour, onucrates révisionnistes et experts en désinformation se réunirent pendant dix jours pour que les vilains colonialistes européens s'excusent d'avoir acheté, à bon prix, les cargaisons de « bois d'ébène »que les rois africains nous vendaient, sans la moindre vergogne, à une époque où l'esclavage était une coutume multimillénaire dans cette région du monde. Dans le même temps, bien sûr, il ne fallait pas attendre le moindre mot d'explication de la part de nos zamis les zarabes zopprimés pour les massives razzias qu'ils ont mené en Afrique subsaharienne jusqu'au début du XXe siècle. Pas un mot non plus sur la très progressiste politique de planning familial des talibans pachtounes, ou des émirs de Khartoum, rien à propos du sort enviable que réservent les maîtres pétrosaoudites, ou nigerians, à leur « personnel » philippin, malais ou sri-lankais. Rien sur les égorgeurs algériens, quelque soit leur employeur. Rien sur le « docteur » psychopathe Mugabe et sa réforme agraire négro-maoiste. Rien sur les « rebelles » coupeurs de mains du Sierra Leone, et les gangsters diamantifères du Liberia, ou bien l'inverse, rien sur leurs acolytes de Luanda, ou de Kinshasa, et réciproquement. Rien même sur le génocide de 800,000 Tutsis par les Hutus au Rwanda. On l'aura compris, si l'Afrique va mal en l'An 2000, c'est par ce que mon trisaïeul breton y a envoyé quelques navires de troisième classe pour l'Amérique, il y a 300 ans.

Après l'échec cuisant du carnaval antiraciste de Durban, il était inévitable que les masques tombent. Ils sont tombés hier, dans le bruit de deux tours géantes qui s'effondrent. Avec l'image de deux avions de ligne transformés en torpilles volantes. Les hitlero-musulmans possèdent désormais leurs V-2 . Il leur suffit d'acheter un billet United ou American Airlines. L'Amérique du Nord, visiblement, n'est pas préparée à prendre la réalité, terrible, dans la face, et pourtant il faut bien s'y résigner : en cette journée du 11 septembre 2001, la IVème guerre mondiale a commencé. Il n' y aura pas de quartier.

À l'heure où j'écris ces lignes le nombre total des victimes n'est pas connu, mais s'annonce très lourd, et en tout cas une chose est désormais certaine : cet attentat multiple a éliminé une figure essentielle de la résistance anti-islamiste que peut-être certains d'entre vous connaissent, je parle de Shah Massoud, assassiné avant-hier par deux crétins d'algériens kamikaze. Car on découvrira très vite que tous ces événements sont liés. Par le sang. La bêtise. Et la haine. Les talibans sont désormais maîtres à 100% des ténèbres qui ont recouvert leur « Émirat islamique ». Les arabes de Cisjordanie peuvent se réjouir, ils seront bientôt « gouvernés » par leurs « frères musulmans » du Hamas, ou du Djihad. Les chants et les danses seront alors interdits. Pour une fois, on s'en réjouira. Aussi, l'image des tours et des avions sacrifiés se superpose à jamais à celle des enfants palestiniens qui expriment leur joie extatique à l'annonce du désastre, dans l'ignorance que c'est du leur qu'il s'agit. Il faut dire que leurs livrets scolaires, payés avec l'argent de l'UNICEF, feraient frémir d'envie les caricaturistes de la Libre Parole d'Édouard Drumont, du Ministère de la Propagande de Joseph Goebbels, ou de la Pravda de la grande époque. On comprend mieux à leur lecture comment ces écoliers feront d'excellents pilotes de ligne dans quelques années.

Désormais la fracture définitive entre l'occident judéochrétien et le panasiatisme arabo-islamique est consommée. Rien, sinon quelques siècles, ou quelques bombes atomiques, ne pourra régler ce contentieux historique fondamental, qui vient à point nommé rappeler aux jeunesses de l'occident que la paix n'est jamais qu'un intervalle plus ou moins long entre deux guerres. Entre Durban et le World Trade Center, la ligne rouge a été franchie, sans espoir de retour en arrière. Ceux qui viennent nous parler de « droits des peuples » et de « justice humanitaire », ces bureaucrates onuzis qui se nourrissent du cadavre des anciennes souverainetés impériales, sont ceux-là mêmes qui excusent à l'avance les crimes de guerre des hitlero-talibans. Ils les soutiennent, comme ces piquets de Sections d'Assaut humanitaires jouant les « vigiles » devant l'ambassade d'Israël. Ils leurs donnent la parole et les mettent en scène, comme à l'Opéra-Bouffe de Durban. Pire encore, ils permettent ouvertement aux terroristes musulmans de profiter des libertés acquises par la civilisation occidentale :

C'est au Canada en effet, et au Québec tout particulièrement, que l'anarchisme pop et la Bovidéologie onuzie minent les esprits, et que l'antisémitisme de gôche, qui se camoufle de facon pitoyable sous le vocable « antisionisme », a pénétré les consciences au point que, désormais, nos portes sont grandes ouvertes au tueurs fanatiques dont la haine à notre encontre ne connaît point de limites. Comment d'ailleurs ne pourraient-ils pas haïr cette société occidentale devenue maîtresse des secrets de la science, et d'un monde qu'elle a inventé, alors que leur « civilisation » continue, sous la bénédiction de ses « universités », de condamner les homosexuels à la prison ou à l'éxécution immédiate et de lapider les femmes adultères en public ? Comme le savait Nietzsche, il faut toujours protéger le fort du faible.

Les hitlero-talibans, avec toute la lâcheté dont ils sont capables, sont venus rappeler cette antique vérité à notre bon souvenir. À nous de leur montrer en retour quelle ligne relie Pearl Harbour à Hiroshima. Mais nous pouvons aussi continuer de nous regarder le piercing, au creux du nombril, entre deux avions pour Los Angelés.


Le 12 septembre 2001, Montréal,
Maurice G. Dantec, écrivain occidental